"Réalité : Ce n'est pas assez de faire voir ce qu'on peint, il faut encore le faire toucher."
Encore
s'il s'agissait de toucher la peinture sur la toile, mais c'est bien
autre chose dont il s'agit : il faut toucher du doigt le désir, le désir
du peintre, matérialisé, devenu peinture ! voilà pourquoi l'oiseau ne
ressemblera pas à un "vrai" oiseau, la théière à une "vraie" théière !
L'art n'est pas de la représentation, voilà pourquoi aussi Magritte
écrivait dans son tableau : ceci n'est pas une pipe.
Chaque
artiste se donne, à sa manière, la tâche de réaliser l'impossible. Il
lui faut une grande inconscience (ce qu'ont les enfants, et beaucoup
sont artistes), ou une grande foi, lorsque la vie a défait
l'inconscience. Ainsi chaque artiste, à sa manière, rapproche les
contraires — le désir de la matière, le rêve du réel, le visible de
l'invisible, le je du tu, chacun avec ses outils, triviaux, comme venus
d'une autre planète, que ce soit des pierres, du bois, des mots ou des
sons. Si l'enfant s'y lance spontanément, ne voyant aucun obstacle entre
lui et la création, aucune discontinuité dans le merveilleux, pour
l'adulte qui a tant appris à douter, à redouter, à comprendre, à se
défier de tout, la tâche ne va pas sans une dose de foi, ou de folie.
C'est
la ferveur, que revendique Braque : "Je ne suis pas un peintre
révolutionnaire, je ne cherche pas l'exaltation, la ferveur me suffit."
en image : page du Cahier de Georges Braque, Maeght éditeur, 1994
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