vendredi 8 mars 2024

l'inconnu


L'inconnu, tu ne cherches plus à le traverser.
Ton crayon, la main, le bras, le cœur, l'estomac, les tripes ne vont plus se braquer contre lui. Il faut pouvoir mettre à l'arrêt ces machines. Cesser l'extraction forcenée, la pure destruction.

Tu prends le chemin des bœufs parmi le ciel et les oiseaux, dans l'ombre des grands arbres où tu imagines le temps des halages, le travail intense des hommes, des bêtes, des cordages et des treuils, la lourde remontée des chargements. Rien n'en reste dans la quiétude présente sinon le tracé d'un chemin réduit à la taille d'un sentier.

Ou tu prendras l'avenue ou les ruelles, les escaliers cachés ou les espaces découverts de la périphérie, l'inconnu à ton côté, sous tes pieds, dans le rythme de ton pas, comme un arbre porte avec lui le bouillonnement tranquille et incessant de ses vies, sa lente croissance, ses continuelles métamorphoses. Le disant, tu te diras aussi, ou plutôt tu inventeras votre commun langage.

Peinture, André Derain

 

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