Krieg, war, j'ai l'impression qu'il ne veut pas se laisser pêcher. Qu'il ne veut pas jouer au cadeau empoisonné. Et je m'aperçois soudain, c'est pourtant évident, que même Poutine n'en veux pas.
Mais je ne suis pas à la pêche aux petits paquets surprises des kermesses de mon enfance, j'ai des mots plein les poches, partout, j'en suis empoisonné. La guerre, je la suis, c'est moi qui leur fais la guerre, qui ne les laisse pas en paix. Ce que je redoutais est arrivé : je le loge, je le nourris, ce mot, pourtant je m'en fous, je m'en bats les c. comme ils disent, c'est bien pour ça qu'il m'empoisonne, parce que je prétends l'ignorer. Dire que je fomente tout ça, que je me fais un cancer de ce mot, étranger au bataillon, indésirable, casse-couilles, inutile dans mon paisible secteur — je ne suis chef de rien, militaire de rien, même pas donneur de leçons. Mais j'ai mis la main dans un panier de crabes, lorsque j'ai ouvert ce blog ! J'ai ouvert le sac de Pandore. C'est ma tête, la vieille cruche que j'ai cassée ! ça sent la démence, c'est le déluge, le déferlement...
Je l'avoue, depuis quelque temps, longtemps même, quelque chose me turlupinait : cet interdit biblique, Tu ne mangeras pas de cet arbre, je me le réserve, l'arbre de la connaissance, de la connaissance du bien et du mal. Pas pour les hommes ! Trop dangereux. Héraclite avait raison, encore une fois, Polemos est le père et le maître de tout. Il réside au fond de tout, laisse-le tranquille. Contente-toi de vivre, les yeux fermés, de vaquer à tes occupations dans l'ignorance... ça pourra tenir quelque temps.
Bengt Lindström, King Lear, carborundum etchning, 1980
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