La nuit s'est refusée. Je me suis couché comme d'habitude, endormi sur ma lecture quelques minutes. C'est ensuite qu'elle m'a refusé l'entrée – sans explication. J'étais étonné la nuit précédente d'avoir tant rêvé, de m'être souvenu de tant de rêves...
Cette fois le corps ne trouvait pas le repos. Les mots le tourmentaient, les questions en cours insistaient, les réponses tardaient à apparaître, à se clarifier – tout de même j'en entrevoyais, j'en saisissais le fil – des belles questions – des vieilles questions – qui trouvaient leurs mots, qui entraient en matière du corps, aspiraient à l'âme, y parvenaient même pour certaines, qui avaient travaillé dans le jour...
Et puis la nuit se manifesta, par des roulements de tonnerre, très lents, lourds et continus, comme un train, un avion, un véhicule inconnu gigantesque et résonnant. Je finis pas percevoir des éclairs, mais pas de pluie, il restait contenu, il transpirait bruyamment. Et bientôt il cessa. C'est alors que je me sentis pleinement réveillé, et même rassuré, capable d'écrire – d'écrire cette forme de journal, de simple compte-rendu – dont je sais qu'il n'est pas destiné à être lu – d'être écrit est sa seule utilité, comme un témoignage dont personne (sauf le temps) n'aura jamais besoin.
Peinture de Georges Braque
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire